En ce début du 17° Siècle, Faverney est une grosse bourgade. Saint GUDE y a fondé une Abbaye Bénédictine au début du 8° Siècle. Au 11° S. les Moniales sont remplacées par des Moines venus de la Chaise-Dieu.
En 1608, la vie religieuse à l'Abbaye n'est pas très fervente: Les Moines, qui ne sont que six, plus deux tout jeunes Novices, ont réduit au minimum la célébration de l'Office monastique. Cependant, ils restent prêtres, et dans leur belle église consacrée à Notre-Dame la Blanche, il leur arrive d'organiser de grandes fêtes, comme chaque année à la Pentecôte.
La Pentecôte 1608
C'est ainsi que le Samedi 24 Mai 1608, veille de la Pentecôte, Don GARNIER, le sacristain, prépare un reposoir près de la grille qui marque l'entrée du Choeur, à l'endroit indiqué aujourd'hui: "Lieu du Miracle".
Ce reposoir comporte une simple table, sur laquelle le religieux dispose un gradin, et un Tabernacle à colonnettes, une petite pierre d'autel sur laquelle prendra place l'ostensoir, à hauteur de visage. Le tout orné de tapis, et surmonté du dais qu'on porte aux processions. Epinglée à la nappe du reposoir, une Lettre Apostolique du Pape CLEMENT VIII accordant des Indulgences.
Ce même Samedi 24 Mai, vers 16 h, le Prieur ouvre les cérémonies en exposant le Saint Sacrement. Deux grandes hosties, consacrées le matin, sont placées dans l'ostensoir de forme particulière.
Le lendemain 25 Mai, Fête de la Pentecôte, c'est l'assistance des grands jours. L'après-midi, même les gens des villages voisins arrivent. Le soir, comme d'habitude, Don Garnier éteint les cierges, mais laisse allumées deux lampes à huile devant le Saint Sacrement. Puis il ferme les portes de l'église et du cloître, et se retire chez lui.
Ves minuit, un marchand de Faverney qui se rend à la Foire de Conflants / Lanterne, aperçoit, de la route qui longe la Lanterne, des lueurs dans l'église.
L'Evènement
Au petit matin, le Lundi de Pentecôte, 26 Mai, Don Garnier entre dans l'église pour préparer l'Office. Il la trouve remplie de fumée, court au reposoir... et reste là, cloué sur place...
Précipitamment il revient à l'Abbaye pour donner l'alerte: "Ma Chapelle est détruite!"... Surpris par ses cris, des Moines accourent. Quant soudain le jeune frère HUDELOT s'écrie: "MIRACLE!" Il venait d'apercevoir l'ostensoir suspendu dans les airs, légèrement incliné, le pied un peu en avant. Il est intact, immobile, on n'aperçoit aucune trace de support.
Des cendres sont retirés les restes d'un chandelier en étain, la pierre d'autel brisée en trois morceaux, les pieds de la table plus ou moins calcinés. Et, chose extraordinaire, la Lettre du Pape, intacte.
Les Moines, puis les habitants de Faverney aussitôt alertés, affluent à l'église. La nouvelle se répand si rapidement que bientôt on arrive de partout, même de Vesoul, dont le Couvent des Capucins a été averti.
On édifie un nouveau reposoir pour qu'éventuellement le S. Sacrement puisse venir s'y reposer. Et une troisième nuit survient, mais cette fois, une foule priante se renouvelle sans cesse.
Au matin du Mardi 27 Mai, les pélerins des villages voisins viennent en compagnie de leurs Curés. Les Messes se succèdent au Maître-Autel. Vers 10 h, le Curé de Menoux, l'abbé Nicolas AUBRY, célèbre. Après le Sanctus, l'un des cierges du reposoir s'éteint. Don Garnier le rallume. Le même incident se reproduit une deuxième, puis une troisième fois. Or, au moment où l'Abbé Aubry procède à l'Elévation, on perçoit comme le son d'une lame d'argent qui vibre. ET... tout le monde peut voir l'ostensoir se redresser d'abord, puis de lui-même "se couler doucement et se poser sur le corporal (aujourd'hui encore conservé à l'église) tout aussi révéremment que s'il fût déposé par un homme d'Eglise."
Ainsi prenait fin, après trente trois heures, ce prodige extraordinaire.
La Reconnaissance du Miracle
Dès le 31 Mai 1608, une enquête est ordonnée par Mgr Ferdiand de RYE, Archevèque de Besançon. Cinquante quatre dépositions sont recueillies, provenant des Religieux, mais aussi de paysans, de bourgeois, d'ouvriers. Le 30 Juillet de la même année, l'Archevèque conclut à la réalité du miracle. Depuis, chaque Lundi de Pentecôte, les fidèles viennent en pélérinage et vénèrent la Sainte Hostie.
Car elle a pu traverser la tourmente révolutionnaire, grâce à l'intervention d'un "Municipal", Claude LONGCHAMP, qui la retira, à temps, de l'ostensoir, pour la mettre en lieu sûr. Il la rendra en 1795, une fois la paix revenue. Tandis que l'ostensoir lui-même fut pris par les révolutionnaires et transformé en monnaie...
L'autre Hostie fut cédée à la Ville de DOLE, en Décembre 1608, et fut détruite pendant la Révolution, dans des circonstances encore mal définies.
L'Hostie sauvée des flammes nous rappelle que le Christ a voulu nous associer à sa mort et à sa résurrection, afin que nous aussi, nous passions de la mort à la Vie.
Pourquoi ce Miracle Eucharistique?
Dieu est présent dans nos vies, mais d'une manière invisible. Nous avons seulement des SIGNES des sa présence active et aimante.
Dans la vie quotidienne, nous nous faisons beaucoup de signes... Encore faut-il les remarquer et les accueillir... "On ne voit bien qu'avec le coeur..." Ce regard du coeur était déjà nécessaire aux témoins directs des miracles de Jésus.
Un proverbe oriental dit: "Quand le sage désigne la lune avec son doigt, l'insensé regarde le doigt et non la lune...!"
Devant le récit d'un miracle, au lieu de nous arrêter au "Comment" cela a pu se faire?, posons notre regard vers CELUI qui, à traves ce SIGNE, veut nous dire quelque chose d'important. Dans le cas du Miracle de 1608, à Faverney, qu'est-ce que Jésus veut nous dire?
Il nous dit qu'il est Maître des forces de mort (le feu, la mer): "Celui qui croit en Moi, même s'il meurt, vivra."
Il nous dit que l'Eucharistie rend présent le Mystère de son Corps et de son Sang donnés pour nous: "Ceci est mon Corps livré pour vous... Ceci est mon Sang versé pour vous et pour la multitude. Vous ferez cela en mémoire de Moi..."
Il nous dit qu'il a donné sa vie pour que nous ayons la VIE: "De même que je vis par le Père, celui qui me mangera vivra par moi, et moi je le ressusciterai au dernier jour."
Il nous appelle à le suivre dans le don de soi aux autres: "Je vous ai donné l'exemple, pour qu'à votre tour, vous fassiez de même: aimez-vous les uns les autres COMME je vous ai aimés..."
Notre-Dame la Blanche
L'église de Faverney n'est pas seulement le sanctuaire de l'Eucharistie, elle est aussi celui de la Vierge Marie. Saint GUDE plaça son Abbaye sous le patronage de Sainte Marie Immaculée. Vocable qui reçut par la suite le surnom plus populaire de Notre Dame la Blanche (la toute pure).
Cette statuette de Notre-Dame est fort ancienne. A l'origine, comme celle de Notre Dame du Mont-Roland, près de Dole, elle représentait une Vierge assise, portant l'Enfant Jésus sur ses genoux. Consumé de vieillesse, on lui a ajouté, au 17° Siècle, deux manteaux dorés qui habillent la Mère et l'Enfant.
Comme aux fidèles des siècles passés, la Vierge nous dit aujourd'hui: "Faites tout ce qu'il vous dira."
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