lundi, mars 26, 2007

La Mission Divine de la France prouvée par son histoire (02)

Suite de (01)

Tournons quelques pages:
Les derniers Carolingiens ne se montrant plus à la hauteur de leur tâche, c'est le Prince le plus digne de régner qui monte sur le Trône: Hugues Capet, Duc de France et Comte de Paris, descendant salique de Pépin d'Héristal, et non salique de Charlemagne par Adélaïde, fille de Louis le Débonnaire et épouse de Robert le fort, le vainqueur des Normands.
Depuis plus d'un siècle, la providence avait permis à cette branche de la Famille Royale de se distinguer par les exploits de Robert le Fort, d'Eudes et de Robert, de Hugues le Grand et d'incarner très réellement la grandeur et l'indépendance du Pays. Dieu avait ainsi préparé l'élection de Mont-Notre-Dame où fut choisi le nouveau Roi, grâce à l'influence de l'Archevêque de Reims, Adalbéron, au prestige et aux services d'Hugues Capet et de ses ancêtres.
Le nouveau Roi s'assure l'appui de l'Eglise et affirme le principe de l'hérédité mâle en faisant sacrer de son vivant son Fils Robert. La piété de ce dernier et la clairvoyance d'Henri Ier qui fait prévaloir l'ordre de primogéniture mâle, assurent peu à peu au Roi de France un prestige que Saint Grégoire VII le Grand va proclamer au temps de Philippe Ier quand il écrira que les Rois de France sont "autant au-dessus des autres monarques que les souverains sont au-dessus des particuliers"(4). Comment ne pas mentionner également Louis VI et son grand ministre, le moine Suger, ainsi que les deux éminents théologiens qui illustèrent cette époque: Saint Bernard et Abélard.
C'est à ce moment que la politique pontificale et la politique royale vont suivre une direction parallèle qui leur permettra dès lors de s'appuyer réciproquement. L'Eglise est-elle opprimée par le Saint Empire notamment lors des élections pontificales? Le grand mouvement de libération partira de France, de Cluny, avec Hildebrand.
"A partir du XIIe et jusqu'à la fin du XIIIe, le Roi de France vient généralement en aide au Saint-Siège. En 1107 le Pape Pascal II, traqué par l'Empereur Henri V, se réfugie à Paris où Philippe Ier et son fils Louis lui font le plus magnifique accueil; c'est de Troyes en Champagne, au sein d'un Concile d'Evêques français, qu'il lance l'anathème contre l'Empereur d'Allemagne; c'est en France aussi que vient Calixte II et qu'il se met en mesure de terminer par un Concordat la querelle des investitures; en France qu'aux heures les plus tragiques de la querelle du Sacerdoce et de l'Empire, les Papes viendront demander à la Fille aînée de l'Eglise aide et refuge. Alexandre III résidera deux années dans notre patrie, et de Sens, où il aura transporté tout le gouvernement pontifical, il régira l'Eglise Universelle" (5).
C'est lui qui déclara la France "un Royaume chéri et béni de Dieu dont l'exaltation est inséparable de celle de l'Eglise" (6).
Aussi lorsque le Plantagenet menacera la France, c'est la Papauté qui l'arrêtera, car elle se rend compte que la France est le centre réel de l'équilibre européen. C'est la raison pour laquelle Innocent III - lors de son conflit avec Philippe-Auguste - loin de chercher à disposer de la Couronne de France, comme il le fait de celles d'Allemagne et d'Angleterre, proclamera au contraire dans une de ses célèbres Décrétales, que le Roi de France n'a AUCUN SUPÉRIEUR AU TEMPOREL (7) car il sait qu'il est la pierre angulaire de l'Europe chrétienne et que les principes qui guident sa conduite sont la vérité même: "A moi appartient le soin de tout ce qui touche le glaive temporel, disait Philippe-Auguste, le gouvernement du royaume me suffit. Je laisse aux hommes de Dieu à traiter les choses du service de Dieu."
Le Roi avait le sens des choses surnaturelles ainsi que le prouve le fait suivant:
"Les Vaisseaux de Philippe-Auguste voguaient vers la Terre Sainte. En Sicile, ils furent assaillis par une violente tempête. Le Roi ne perdit pas contenance, il ranima le courage et la confiance des Matelots: "Il est minuit, dit-il, c'est l'heure où la communauté de Clairvaux chante Matines. Ces Saints Moines ne nous oublient jamais. Ils vont apaiser le Christ; ils vont prier pour nous, et leurs prières vont nous arracher au péril". Philippe-Auguste était un chrétien et comprenait que la prière attire sur le monde toutes les bénédictions. (8)"
Tout chrétien qu'il est, il n'hésite pas - et il a raison - à s'opposer à la politique pontificale s'il la juge dangereuse pour la France. Le cas se produit en 1198 lors de la succession impériale. Malgré les avertissements lumineux du Roi, le Pape fait triompher la candidature d'Othon de Souabe qui, à peine élu, se retourne contre son bienfaiteur. Alors le Souverain Pontife, humblement, reconnaît son erreur et fait appel au Roi de France:
"Ah! si nous avions pénétré aussi bien que vous le caractère d'Othon, il ne nous aurait pas trompé! Le fils impie persécute sa Mère... qui ne peut, désormais, avoir confiance en lui puisqu'il ne nous tient pas parole, à nous, le Vicaire du Christ! Nous vous parlons à notre honte, car vous nous aviez bien dit de nous méfier de cet homme..." (9).
Ainsi, l'histoire montre que si dans le domaine spirituel le Successeur de Pierre jouit de toutes les lumières du Saint-Esprit, il n'en est plus de même dans les question temporelles. C'est le Roi de France qui sur ce terrain en bénéficie, car c'est lui qui a mission - de par la volonté divine - de les régler et qui reçoit d'en haut - à son Sacre - les lumières et les grâces nécessaires.
Grande leçon qui prouve que le Pape et le Roi doivent l'un et l'autre rester dans leur domaine et demeurer toujours unis: le pape éclairant et guidant le Roi dans le domaine spirituel et le Roi éclairant et guidant le Pape dans la politique temporelle.
Vers la fin du règne de ce grand Roi, la protection divine va se manifester ostensiblement.
En 1214, l'Empereur d'Allemagne Othon, excommunié depuis peu, veut ravir sa couronne à Philippe Auguste, et envahir la France avec 200.000 hommes. Le Roi appelle toutes les paroisses de France: 60.000 volontaire répondent... Il va à Saint-Denis, communie, prend l'oriflamme et part à la bataille. Les Français ont à lutter contre un ennemi plus de trois fois supérieur, ils fléchissent tout d'abord sous le nombre mais "soudain, vers trois heures, du fond de la plaine ensoleillée, apparaît déployée la Sainte Oriflamme, une force mystérieuse s'échappe de ses plis. Sa vue déconcerte, puis épouvante les ennemis. Ils cèdent, brisent leurs lignes et bientôt fuient de toutes parts... En ce jour, naquit la grande patrie Française (10)."
Pour longtemps, le péril allemand est écarteé, l'Eglise et la France sont sauvées. Philippe Auguste a bien mérité de l'une et de l'autre.
A son fils incombera une autre tâche: détruire l'hérésie albigeoise dont les conséquences religieuses et politiques peuvent être considérables, puisqu'elle aboutit à un malthusianisme avant la lettre et à l'extinction de la race. Louis VIII la combat hardiment et meurt au retour de l'expédidtion.

(4) Grég. VII. Mag. Ep. Lib IV. cp. 6, tome II, col. 795.
(5) Mgr Baudrillart, op. cit., p. 21
(6) Alex. III, Epist. XXX tome X, Conc. col. 1.212. C'est également ce qu'affirmait Grégoire XI. Tome XI, Conc. col. 367.
(7) J. Leclerc. - "Chrétienté médiévale et Société des nations" - "Etudes", n° 15, - 5 août 1932.
(8) Révérend Père Janvier, Carême 1924, première Conférence, p. 32.
(9) Cité par André Rousseaux: La politique religieuse de la Monarchie.
(10) Chanoine de Roquetaillade: "Les grands pèlerinages de France, Sainit-Denis", p. 30.

jeudi, mars 22, 2007

Jeann d'Arc et les Heroïnes Juives

Monseigneur Joseph Lémann

Ce panégyrique de Jeanne d'Arc, prononcé le 8 mai 1873 dans la cathédrale d'Orléans, est sans doute l'un des plus beaux qu'ait mérité "la Sainte de la Patrie", bien avant même qu'elle ne fut portée sur les autels.
Il fallait un Juif converti, et la science d'un Monseigneur Lémann, pour établir cet étonnant parallèle entre les saintes de l'Ancien Testament, dont son peuple était dépositaire, et la Sainte du Nouveau Testament.
De Déborah, Judith, et Esther à Clotilde, Geneviève et Jeanne d'Arc, c'est toute l'âme de notre pays de France qui vibre dans ce texte magnifique.

1 plaq - 34 pages - format 14,5 x 21 - Réf 078 - 5,00 EURO - Éditions Sainte Jeanne d'Arc, Les Guillots, F-18260 Villegenon, Tél. 02 48 73 74 22, Fax 02 48 73 75 86.

Jeanne d'Arc la Pucelle - Apôtre et Martyre de la Royauté Universelle du Christ et du Caractère Sacré et Divin du Roi de France

Marquis de la Franquerie

Cette brochure du Marquis de la Franquerie fut d'abord éditée en 1956. Épuisée depuis longtemps, le Marquis de la Franquerie l'a revue et remise à jour, avant de nous en confier la réédition.
Cet ouvrage n'est pas seulement une fresque historique de la mission de Jeanne. Il en est surtout l'analyse d'un point de vue particulier, celui de la sainteté de la constitution monarchique de la France. Sainte Jeanne d'Arc est la "Grande Martyre du Caractère Sacré et Divin de la Royauté en France, et de la Royauté Universelle du Christ". Ce témoignage est l'essentiel de la mission de l'héroïne, que le Marquis de la Franquerie célèbre ici avec grandeur et émotion, en y apportant les éclairages si riches auxquels cet auteur nous a habitués depuis longtemps.

1 plaq - 60 pages - format 14 x 21 - Réf 053 - 5,00 Euro - Éditions Sainte Jeanne d'Arc, Les Guillots, F-18260 Villegenon, Tél. 02 48 73 74 22 - Fax 02 48 73 75 86

lundi, mars 12, 2007

Soeur Elisabeth de la Trinité (1880 - 1906)

Marie-Elisabeth Catez, née à Bourges, le 18 Juillet 1880, entra au Carmel de Dijon le 2 août 1901. Sa vie d'oraison, fondée sur les plus solides vertus, devint alors intense et lui fit trouver le ciel sur la terre dans la profondeur de son âme, où une foi puissante et toujours en éveil la gardait unie à Celui qui la possédait. Puisé à cette source et secondé par une admirable fidélité à la grâce, l'amour divin la consuma rapidement. Le désir ardent qui la pressait d'être configurée à Jésus curcifié fut bientôt réalisé. Elle mourut en odeur de sainteté le 9 novembre 1906.
Quelques jours avant sa mort, on lui demandait comment au Ciel elle s'emploierait à "faire du bien sur la terre". "Il me semble qu'au Ciel, avait-elle répondu, ma mission sera d'attirer les âmes dans le recueillement intérieur en les aidant à sortir d'elles-mêmes pour adhérer à Dieu par un mouvement tout simple et tout amoureux; de les garder en ce grand silence du dedans qui permet à Dieu de s'imprimer en elle, de les transformer en Lui". (Soeur Elisabeth de la Trinité - Souvenirs)

PRIÈRE: O Dieu qui aimez les âmes au point de faire en elles votre demeure, nous vous remercions des grâces dont vous avez enrichi, durant sa vie mortelle, votre humble servante, Soeur Elisabeth de la Trinité, en lui faisant comprendre et goûter cette ineffable et divine réalité.
S'il entre dans vos desseins adorables de faire glorifier par la Sainte Eglise celle qui voulut être dès ici-bas la "louange de votre gloire" daignez, nous vous en prions, manifester par des signes extérieurs le crédit dont elle jouit auprès de vous afin que de plus en plus, ô Trinité sainte, elle procure votre règne d'amour dans les âmes. Ainsi-soit-il.

Imprimatur: + PIERRE, év. de Dijon.

samedi, mars 03, 2007

La Vierge Marie dans l'Histoire de France - Chapitre IX

De Saint-Louis à Jeanne d'Arc

Ou des châtiments engendrés par les fautes de Philippe Le Bel et de la protection miraculeuse de Marie en faveur de son royaume de prédilection.

Sur le lit de mort de Saint Louis, emporté par la peste qui ravage l'armée à Tunis, son fils, Philippe III le Hardi a recours à la Vierge et promet d'aller en pèlerinage au Puy s'il retourne en France sain et sauf. Exaucé, le roi accomplit son voeu, et offre à l'insigne basilique une parcelle de la vraie Croix et une partie de l'éponge que les bourreaux du Christ Lui présentèrent imbibée de fiel et de vinaigre (1); il fait de royales libéralités à N.-D. de Pontoise (2), à l'abbaye de N.-D. du Lys, à la Collégiale Royale de N.-D. de Melun et construit N.-D. de Taur à Réalmont. Il meurt en 1285.
Avec son fils, Philippe IV le Bel, monte sur le Trône un Prince dont la piété incontestable et profonde est presque annihilée par un caractère d'une violence rare. Le Roi - à l'aurore de son règne, et comme pour le placer sous la protection de Marie - offre à N.-D. du Puy un magnifique calice d'or (3); en compagnie de ses fils, il vient souvent à N.-D. de Maubuisson et y fait de larges libéralités ainsi qu'à N.-D. de Plaisance près de Montmorillon et à N.-D. du Lys; enfin, près de Bar sur Aube, il fonde le Prieuré de N.-D. du Beauray (4). De son côté, la Reine, Jeanne de Navarre, manifeste sa piété envers Marie dans les constitutions qu'elle donne à l'Hôtel Dieu de Château-Thierry en prescrivant de servir aux infirmes un meilleur repas les jours des fêtes de la Sainte Vierge, en signe de réjouissance. Elle fonde une rente de cent livres à N.-D. de l'Isle près de Troyes, à la condition d'un service anniversaire le jour de sa mort.
La dévotion du Monarque est récompensée par une protection spéciale de Marie: à la bataille de Mons en Puelle, contre les Flamands, en 1304, le Roi est sauvé de la mort par une invocation à la Reine du ciel qui lui accorde la victoire. "Pour rendre grâces condignes à la Vierge, célébrer les honneurs justement par Elle mérités" il fait des dons royaux à N.-D. de Boulogne, offre à N.-D. de Chartres l'armure qu'il portait à la bataille et "établit à N.-D. de Paris une fête qui se faisait tous les ans le 18 août, sous le titre de Commémoration de N.-D. de la Victoire" (5). Enfin, une statue de la Vierge ayant été découverte en terre en 1280 dans le domaine de Cléry, appartenant à son aïeule, Marguerite de Provence, et de très nombreux miracles y ayant été obtenu, il décide - pour témoigner sa reconnaissance à Marie de la reprise des Flandres et de la Gascogne - d'y ériger une magnifique église dédiée à la Vierge; la mort seule l'empêche de réaliser son projet (6).
Malheureusement, au sujet des impôts à percevoir sur le Clergé, le Roi entra en conflit avec le Pape Boniface VIII; les caractères du Souverain Pontife et du Roi étant aussi violents qu'autoritaire, rapidement le conflit dégénéra en une lutte ouverte, publique et implacable. Le Pape, au lieu de s'en tenir à la question qui le mettait aux prises avec le Roi, émit des prétentions inadmissibles sur les droits inaliénables et imprescriptibles de la Couronne de France et mit ainsi le feu aux poudres. De son côté, l'envoyé du Roi dépassa les instructions de son Maître à Anagni. Le retentissement de cette lutte fut immense et eut des conséquences incalculables; l'indépendance temporelle des Etats et des Princes fut assurée, mais "la puissance morale de la Papauté, seule capable de servir de frein à l'ambition et à la violence" était brisée. "C'était la fin du beau Moyen Age chrétien" (7). Quels qu'aient été les torts réels de Boniface VIII, ce n'était pas au Fils Aîné de l'Eglise, au propre petit-fils de Saint Louis de rendre impossible pour l'avenir cette oeuvre magifique réalisée par l'Eglise et d'arracher ainsi au Pontife Romain l'influence admirable qu'en dépit de quelques abus il avait exercée depuis plusieurs siècles sur les Princes et sur les Etats chrétiens.
Pour consacrer cette oeuvre malfaisante, il convoqua à cet effet les Etats Généraux et pour la première fois fit appel au Tiers Etat qui cinq siècles plus tard devait renveser la Moarchie. Les trois ordres ratifièrent sa conduite.
Le crime ayant été royal et national davait encourir un châtiment royal et national:
Le Roi bourrelé de remords, vint souvent depuis lors à N.-D. de Longpont "implorer sans doute de la Madone le "pardon de sa cruauté vis-à-vis du Pape Boniface" (8) et mourut en faisant à son Fils, les magnifiques recommandations suivantes: "Premièrement, aimez Dieu, craignez-Le, respectez l'Eglise, soyez-en le protecteur, le défenseur, soutenez votre foi; soyez un champion invincible du ciel...". C'était le désaveu implicite de sa faute. Ses trois fils vont lui succéder sur le Trône sans laisser d'héritier. La couronne passe à la branche des Valois. Voilà le châtiment royal.

(1) Hamon: op. cit. II. 233.
(2) Lefèvre: Histoire de N.-D. de Pontoise - I, 9.
(3) Hamon - id., II, 233.
(4) Id., V. 575.
(5) Annales de l'Archiconfrérie de N.-D. des Victoires, Xbre 1936, p. 367.
(6) Hamon - id., I. 337.
(7) Histoire de France. (Collection de Classiques Saint-Gabriel), Editions de l'Ouest, 40, rue du Cornet à Angers, dont nous ne saurions trop recommander les publications.
(8) Nicolas - N.-D. de Longpont - p. 31.