Livre II
La Mission de la France prouvée par son histoire
Première Partie
Les droits de Dieu - Charte de la France jusqu'à 1789 - De Clovis à Saint Louis
Un rapide coup d'oeil sur notre Histoire montre, avec une éclatante netteté, que notre Pays est victorieux et prospère tant qu'il reste fidèle à sa vocation et rudement châtié quand il est infidèle.
Clovis est vainqueur parce qu'il accomplit la volonté divine.
Charles Martel à Poitiers brise l'invasion musulmane qui menace le monde catholique: la protection divine se manifeste sans tarder en faveur de son fils: Pépin monte sur le trône comme étant le prince le plus digne de régner. Le Pape Etienne II vient lui-même sacrer le nouveau Roi et, en lui, cette seconde branche de la Race Royale.
A peine le Souverain Pontife est-il rentré à Rome que le Roi des Lombards assiège la Ville Eternelle. Etienne II fait appel à Pépin:
«O Francs, il est connu que parmi toutes les nations qui sont sous le soleil, la vôtre est la plus dévouée à l'Apôtre Pierre.
L'Eglise que lui a confiée Jésus-Christ, son Vicaire Vous en demande la délivrance (1)».
Et Pépin de voler au secours du Pontife. Il passe deux fois les Alpes, écrase les Lombards et crée le domaine temporel du Pape.
La récompense divine ne tarde pas: à Pépin le Bref succède Charlemagne. Animé d'une foi profonde et doué d'une puissante intelligence, Charlemagne doit d'abord faire la guerre pour assurer la sécurité de ses peuples contre les incursions des Saxons, des Slaves et des Avars à l'Est, contre les Arabes en Espagne. Il organise contre eux des "Etats militaires" et parvient par les armes à convertir les Saxons. Enfin, pour répondre à l'appel du Pape menacé, il détruit le Royaume des Lombards; aussi Léon III, pendant la nuit de Noël de l'an 800, à Rome, couronne le Roi de France Empereur d'Occident.
L'Empereur gouverne avec une grande sagesse tous ses Etats, envoyant partout ses "missi dominici" pour contrôler les actes et les jugements des gouverneurs. La prospérité renaît, la population se multiplie, les villes et les villages se développent et pour assurer les communications, l'Empereur établit un réseau de routes, construit des ponts, etc...
Son activité ne s'arrête pas là. Il veut donner à ses peuples l'instruction et la foi; aussi appelle-t-il auprès de lui les plus éminentes sommités et à côté de chaque église et de chaque monstère il établit une école. Il réalise pleinement le programme que son conseiller Alcuin lui soumet: "Il vous appartient d'exalter et de conserver "la Sainte Eglise de Dieu parmi le peuple chrétien et d'ouvrir à tous la voie du salut éternel!" Il aime à participer aux discussions théologiques et à présider des conciles. Il pose le principe que les lois de L'Eglise sont lois de l'Etat. Ses Capitulaires sont un admirable code de lois chrétiennes. Il réforme les abus dans l'Eglise et choisit les évêques parmi les prêtres les plus dignes et les plus instruits. Son prestige est tel, même en Orient, qu'il obtient la propriété et les clefs du Saint Sépulchre et exerce une sorte de protectorat sur la Terre Sainte (2). En 802 paraît un admirable capitulaire.
"Qu'y lisons-nous? écrit Monseigneur Baudrillart, que tous les hommes libres prendront l'engagement de se vouer au service de Dieu, et le détail de leurs devoirs suit. Qu'y lisons-nous encore? Que la raison d'être de l'Empire c'est l'unité de la foi et de la charité entre tous ses membres: que le but des conquêtes de l'Empereur c'est l'extension de la foi catholique: car l'Empereur est le propagateur et le défenseur de la religion chrétienne" (3).
L'Empereur signe ses Capitulaires: Charles sous le règne du Christ. Royal sacerdoce qui s'étend sur le monde antique.
"Le Royaume de France embrassera toutes les limites de l'Empire Romain" avait dit Saint Rémi.
(2) C'est à Charlemagne, croyons-nous, qu'il faut faire remonter l'usage diplomatique qui veut que les peuples musulmans d'Asie et d'Afrique (Turquie, Perse, Indes, Algérie et Tunisie) décernent au seul Roi de France, parmi tous les autres souverains, le titre d'Empereur et de Padichah, titre que prenait le Roi dans ses rapports avec eux. Le Chancelier de la Sublime Porte libellait ainsi ses lettres au Roi: "Au plus illustre des grands princes de la religion de Jésus, l'élite des puissants souverains de la nation du Messie, l'arbitre des intérêts publics des peuples nazaréens... le présent Empereur et Padichah..." Voir l'étude de M. Dehérain (Journal des Débats, 5 mai 1935).
(3) Mgr Baudrillard: "La Vocation de la France", p. 15, éd. Flammarion.
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