samedi, décembre 30, 2006

La Vierge Marie dans l'Histoire de France - 09 - Chapitre IV

Le Culte des Mérovingiens pour Marie

Après sa conversion, Clovis ne se contenta pas de dépenser ses forces à lutter contre les hérétiques, il voulut laisser d'impérissables témoignages de son culte fervent à Marie; il aimait à visiter les sanctuaires dédiés à la Reine du Ciel; près de Nogent-sur-Seine il fonda Notre-Dame de Nesles et, sur les bords du Rhin il construisit la première cathédrale qu'il plaça sous le vocable de la Vierge à laquelle il s'estimait redevable de sa conversion et de ses victoires (1), comme s'il avait voulu par cet acte de foi demander à la Mère de Dieu de veiller elle-même à la garde de Son Royaume. Autour de cette basilique, peu à peu une ville s'édifie: Strasbourg.
Le culte filial du premier de nos Rois envers Marie se perpétua chez ses descendants et successeurs.
Thierry, son Fils, fonda par charte en 508, Notre-Dame des Anges à Pignons, près de Fréjus; sa fille sainte Théodechilde, à la suite d'une apparition, construisit Notre-Dame des Miracles à Mauriac.
Childebert, autre fils de Clovis, abandonné des médecins, fait venir saint Germain, Evêque de Paris, qui obtient miraculeusement la guérison du Roi. En reconnaissance, celui-ci, ainsi qu'en fait foi une charte solennelle, fait don à la cathédrale sainte Marie de Paris, d'objets précieux et de plusieurs domaines. De passage à Angers, il fait agrandir le sanctuaire de Notre-Dame du Rocher.
Au retour de la guerre contre les Wisigoths, le Roi bâtit la basilique de Selles-sur-Cher en l'honneur et sous le vocable de N.-D. la Blanche.
Saint Cloud, petit-fils de Clovis, fait don à Notre-Dame de Paris du monastère qu'il a fondé à Nogent. (2).
Sous le règne de Chilpéric, la Reine construit une basilique magnifique, en l'honneur de Marie Immaculée (Virgini Intemeratae), près du Monastère de Saint-Evroult. (3).
Après la mort du Roi, Frédégonde se retire avec tous ses trésors à Notre-Dame de Paris.
Comment passer sous silence le culte de sainte Radégonde pour Marie puisque la Reine du Ciel voulut Elle-même le reconnaître en associant la sainte Reine à la préservation de Poitiers contre les Anglais par le Miralce des clefs en 1202. (4).
"En 562, Gontran, Roi d'Orléans et de Bourgogne, fils de Clotaire I, eut un fils affligé d'une maladie cruelle qu'on croyait être une possession du démon. En vain, on avait employé les exorcismes, en vain on avait multiplié les voeux, les prières, les pèlerinages, rien n'avait réussi". En désespoir de cause, il a recours à la Vierge et conduit l'enfant en pèlerinage à Notre-Dame de Sales à Bourges, "à peine le jeune prince a-t-il mis le pied dans l'Eglise qu'il se trouve complètement délivré." (5).
Dagobert, en hommage à Marie, fonde Notre-Dame de Cunault, près de Saumur, fait de grandes largesses au monastère de Notre-Dame de la Nef à Bourges - fondé par saint Sulpice - et, en 628, rebâtit la basilique que Clovis avait construite à Strasbourg.
Son petit-fils, Dagobert II, en 675, fait don de domaines et de grandes richesses à la basilique Notre-Dame de Strasbourg et se voue à la Reine du ciel en qualité de "vassal et de serf"; la dévotion du Monarque a pour effet de développer le culte de la Vierge: les deux rives du Rhin se couvrent d'églises et de monastères en l'honneur de la Mère de Dieu.
Sainte Ennimie, que son père Clotaire II, voulait marier alors qu'elle avait résolu de se consacrer à Dieu, demanda de perdre la santé pour conserver sa virginité. A trois reprises elle fut exaucée et obtint enfin ce qu'elle voulait. Sur l'indication d'un ange, elle vint s'établir près de Floirac pour y ériger un monastère, elle dédie une des deux chapelles à Marie.
Sans doute, la branche aînée de la Race Royale commit bien des fautes, des crimes même, mais son culte fervent à la Vierge et sa foi profonde lui valurent la gloire de donner le jour à de nombreux saints.
Sans parler de Clovis que certains auteurs regardaient comme saint, bien que n'ayant pas été canonisé, citons sainte Clotilde, sainte Radégonde et sainte Bathilde, reines de France, saint Gontran, roi de Bourgogne et d'Orléans, sainte Théodechilde, sainte Ennimie, etc....
En parcourant "la Vie des Saints", de Mgr Guérin ou celle des Bollandistes, on pourrait compter plus de quarante saints descendants de Clovis et de Sainte Clotilde, sans compter les Princes dont sont issus les deux autres branches de la Famille Royale, alors Maires du Palais: saint Pépin de Landen, saint Arnoul; et de grands ministres comme saint Eloi et saint Léger (6), qui tous appartenaient au tronc mérovingien et descendaient de branches ayant donné chacune également de nombreux saints.
Magnifique auréole, couronne la plus glorieuse de toutes assurément! Toute la gloire en revient à Marie qui est à l'origine de tant de grâces et de sainteté.

(1) Hamon, op. cit. tome VI, p. 168. Voir Beatus Rhenanus "Rer. Germ." II, p. 173.
(2) Ce village de Nogent adopta le nom de son fondateur après sa canonisation.
(3) Migne: Patrologie latine CLXXXVIII, p. 476, Orderic Vital - et Hamon, id. V. 162.
(4) Voir Abbé Brossard "Le miracle des Clefs" et l'appendice: "Marie protège les villes de France contre les envahisseurs et les délivre".
(5) Hamon, op. cit. tome II, pp. 13 et 14.
(6) Saint Léger appartenait à la Famille des ducs d'Alsace. Cette illustre Maison issue saliquement de Mérovée tout comme les Carolingiens et les Capétiens, donna naissance aux Maisons de Lorraine et de Habsbourg et les Rois des seconde et troisième branches de la Maison de France en descendent par Ermengarde, épouse de Lothaire I et par Adélaïde, épouse de Robert le Fort.
Cette famille compte un nombre extraordinaire de personnages canonisés: sainte Sigrade, mère de saint Léger et de saint Warein; sainte Odile et sainte Roswinde, cousines germaines de saint Léger; sainte Attale, sainte Eugénie, sainte Gundelinde, ses cousines issues de Germain, sans compter saint Léon IX, Pape et tous les saints des Maisons de France et de Lorraine, et Lorraine-Habsbourg.
Voir à ce sujet les deux tableaux généalogiques dressés par le savant Cardinal Pitra dans son "Histoire de Saint Léger", p. 420.

Aucun commentaire: