Louis VII ne le cède point à ses ancêtres quant à la dévotion à Marie: il vient en pèlerinage à Longpont en 1140; accorde à l'évêque de Senlis des Lettres patentes lui permettant de faire appel aux fidèles du royaume pour la reconstruction de l'Eglise N.-D. incendiée, ce qui permit d'y rétablir le culte en 1170; il y ajoute une lampe et la rente nécessaire pour qu'elle brûle perpétuellement devant l'autel de Marie. La même année avec la Reine, Adèle de Champagne, il fonde l'abbaye de N.-D. de Montétis près de Brie Comte Robert. Dans le château de Fontainebleau se trouve la chapelle érigée par lui et consacrée par Saint-Thomas de Cantorbery. (1). Enfin, son amour pour Notre-Dame devient bien plus tendre encore quand il obtient - dans un âge avancé - un fils, si longtemps espéré et que Marie le sauve quelques années plus tard d'une maladie qui avait failli l'emporter. Il construit en reconnaissance l'abbaye de N.-D. de Barbeaux où il voulut être enterré. (2). Avant de partir pour la Croisade, il avait placé sa personne et son Royaume sous la protection de Marie et avait dans ce but fait le pèlerinage de Liesse et celui du Puy.
Philippe-Auguste, qui devait sa naissance à Marie, aime à fréquenter ses pèlerinages: Chartres, Le Puy, N.-D. de Boulogne, N.-D. la Fleury, etc. ... Il comble de ses dons l'abbaye de N.-D. de Preuilly près de Provins, reconstruit N.-D. de Nanteuil en reconnaissance de la prise de Montrichard, et, parce que Marie lui avait accordé une pluie abondante pour désaltérer son armée qui se mourait de soif alors qu'il combattait les Anglais. (3). Enfin, Philippe-Auguste pose la première pierre de l'actuelle cathédrale Notre-Dame de Paris, à la construction de laquelle il consacre des sommes très importantes et c'est en partie grâce à sa munificence royale que la cathédrale de Chartres, après l'incendie de 1194, put être reconstruite.
Sans héritier pour la Couronne, il met sa confiance en Marie à qui il doit la vie et la Reine Isabelle vient en pèlerinage à Chartres, ils obtiennent en 1187 la naissance de celui qui sera le Père de Saint-Louis.
Cette grande grâce accordée, Marie va multiplier les preuves éclatantes de sa prédilection pour le Roi de France, dans trois circonstances mémorables qui assurent la victoire et le salut du Royaume:
Alors que Philippe-Auguste et le Roi d'Angleterre sont aux prises pour la possession du duché d'Aquitaine, le 24 Juin 1187, N.-D. des Miracles de Déols intervient. Depuis plusieurs jours le roi de France ayant vainement cherché à engager des négociations de paix, prend "le parti de livrer bataille pour terminer enfin une si longue guerre par une action décisive. Les habitants de Déols, effrayés de la lutte acharnée qui était au moment de s'engager, vont se prosterner davant l'image de Marie et la supplient d'empêcher l'effusion du sang. Pendant qu'ils priaient les deux armées étaient en présence et en bel ordre de bataille; le signal du combat allait sonner; lorsque tout à coup le roi d'Angleterre, converti à des dispositions pacifiques, s'avance avec son fils, demande à parler à Philippe-Auguste. Celui-ci se présente; le roi lui déclare qu'il accepte les conditions proposées dans les négociations précédentes, et la paix est signée. Une nouvelle si inattendue produit un saisissement général, rois et seigneurs, peuple et soldats, tous reconnaissent un miracle dans ce changement subit de dispositions au moment même où les colères étaient plus exaltées et le combat près de se livrer. Un même sentiment d'admiration les rassemble autour de l'image de Marie pour la bénir, il n'y a plus d'ennemis, Français et Anglais tous ne font qu'une famille de frères devant le Mère commune qui les a protégés et sauvé de la mort." (4)
"En l'année MCXCVIII Philippe-Auguste, ayant résolu de secourir Gisors que menaçais Richard Coeur de Lion, et fidèle au serment qu'il avait fait de ne pas fuir devant son vassal, venait de s'ouvrir un passage à traves l'armée ennemie, lorsque le pont qui donnait entrée dans la ville se rompit sous lui. Précipité dans l'Epte, il invoqua la Vierge Mère de Dieu, dont une statue ornait le pont, et, échappé au péril, il fut reçu dans la ville. En témoignage de sa reconnaissance, Philippe fit dorer le pont et la statue de Marie à la protection de laquelle il avait eu recours au moment du danger." (5).
En 1214, la situation est tragique pour la France, elle est encerclée, en Poitou par les Anglais menaçants, au nord par l'Empereur Othon qui l'envahit avec deux cent mille hommes pour ravir sa couronne à Philippe-Auguste. Ne négligeant pas les facteurs d'ordre spirituel et sachant que son ennemi - excommunié depuis peu - compte écraser la France pour pouvoir se retourner ensuite contre le Pape et l'Eglise, le Roi met toute sa confiance en Dieu et fait appel à toutes les paroisses de France. 60.000 hommes répondent. Il va à Saint Denis, communie, prend la "Sainte Oriflamme" et marche à l'ennemi. Le matin de Bouvines, sentant toute la gravité de l'heure, "notre Philippe-Auguste, après s'être voué à la Sainte Vierge..." (6), fait déployer l'Oriflamme et met en pleine déroute un ennemi plus de trois fois supérieur en nombre. L'Eglise et la France sont sauvées. Le roi envoie immédiatement un messager à son Fils, Louis au coeur de Lion, qui commande l'armée contre les Anglais en Poitou. De son côté, l'héritier du Trône, victorieux, envoie un messager à son Père: les deux envoyés se rencontrent aux portes de Senlis. A l'endroit même de cette mémorable rencontre, le roi fonde l'abbay de la Victoire consacrée à Marie et fait faire une statue de N.-D. de la Victoire de Bouvines. (7). Lors de sa rentrée triomphale à Paris, Philippe-Auguste vient à Notre-Dame se prosterner devant la Mère de Dieu pour lui faire hommage du succès de ses armes et lui témoigner sa reconnaissance.
Après tant de bienfaits, le Roi veut que son coeur soit déposé dans un sanctuaire de Marie. Il choisit N.-D. de Mantes dont l'un de ses oncles paternels avait été l'Abbé.
C'est sous ce règne, particulièrement glorieux pour l'Eglise et pour la France, que Marie inspire - en France - la fondation de deux grands ordres religieux. En 1197, dans le sanctuaire de N.-D. de Limon, Jean de Matha se sent appelé à fonder les Trinitaires destinés à racheter les chrétiens réduits en esclavage par les Maures qui ravagent les côtes de la Méditerranée. Pour réaliser cette oeuvre grandiose, il fait appel à un Prince de la Maison de France, Félix de Valois; tous deux furent canonisés.
Un peu plus tard, en 1206, étant à N.-D. de Prouille, Saint Dominique voit par trois fois un globe de feu descendre du ciel et comprend que Marie veut qu'il établisse là le berceaux de son ordre. Quelques années après, alors que Simon de Montfort luttait par les armes contre l'hérésie des Albigeois, sans parvenir à vaincre leur chef, le Compte de Toulouse, pendant la bataille décisive qui se livrait, Marie apparut dans la chapelle N.-D. de Saint-Jacques de Muret à Saint Dominique "qui était en prière avec les sept évêques et les deux abbés composant le conseil du légat, et lui remit un rosaire... le premier de ces fruits fut la fin de la guerre des Albigeois, leur défaite commença à l'instant même et ils durent aussitôt désespérer de leur cause. Saint Dominique frappé du merveilleux effet de cette prière, établit la confrérie du Rosaire dans une des chapelles de l'Eglise de Muret". (8)
Marie n'avait pas voulu que cette couronne d'Ave qu'est le Rosaire surgit ailleurs que sur notre terre de France parce que "nulle main plus filiale que celle de la France ne pouvait la poser sur le front de Sa Reine." (9). Blanche de Castille s'y associa avec empressement et dut à cette nouvelle dévotion la naissance de son fils, Saint Louis.
Une fois de plus Marie avait triomphé de l'hérésie et la France avait été son auxiliaire.
Louis VIII continue tous les bienfaits de son Père aux églises et monastères dédiés à Marie, notamment à N.-D. de Plaisance près de Montmorillon et met sous les auspices de N.-D. de Rocamadour la paix des grands pour obtenir leur concours dans la croisade contre les Albigeois au cours de laquelle il contracte une maladie qui l'emporte après un Règne de trois ans. Par testament, il ordonne, que tous ses joyaux, bijoux et objets personnels soient vendus pour fonder un monastère en l'honneur de la Reine du Ciel. Ce voeu fut pieusement exécuté par Blanche de Castille et par son fils Saint Louis qui élevèrent l'Abbaye Royale de N.-D. de Royaumont, une des merveilles du genre. (10).
(1) Hamon I, 318.
(2) Hamon, id. I, 317.
Le Roi envoya éalement un ex-voto de reconnaissance à N.-D. du Bon Conseil, sur la colline de Fourvières.
(3) Hamon, id. I, 150
(4) Labbe: Bibliotheca nova - Chronique de Déols. - Hamon op. cit. II, 43 et 44.
(5) Inscription du socle de la Vierge dorée du pont de Gisors.
En outre un vitrail de l'église de Gisors représent Philippe-Auguste sur le point de se noyer dans l'Epte, poursuivi par les Anglais et sauvé miraculeursement après avoir imploré la Sainte Vierge, dont la statue se trouvait au dessus du pont rompu.
(6) Sébastien Rouillard: Parthénie, chap. VI - 1609.
(7) Lettres Patentes Royales du 12 mars 1222. Voir dans le chapitre XVIII le passage relatif à la dévotion du maréchal Foch pendant la guerre, à N.-D. de Bouvines, à Senlis.
(8) Hamon op. cit. III, 276.
(9) R. P. Lépicier: "Marie Reine de France" dans le messager de la T. Ste Vierge, Nov. Déc. 1936 - N.-D. de Beauregard, par Orgon (B.-du-R.).
(10) Duclos: Histoire de Royaumont, sa fondation par St-Louis. Paris. Douniol 1867, Tome I, p. 30, et charte de fondation en 1228 de P. 37 à 42.
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